Quand le CHRN se met au vert ...
Le développement durable est au cœur de l’actualité. La majorité des établissements sont conscients du rôle qu’ils peuvent jouer dans ce domaine. Penchons-nous sur la dimension écologique des hôpitaux et plus particulièrement du nôtre. Mais que signifie exactement le terme « développement durable » ? Quelle a été l’évolution ces dernières années en termes de consommation et d’économies d’énergie dans le secteur hospitalier ? Quelles sont les démarches réalisées au sein de l’hôpital pour répondre à cette mission ? Quelle est la responsabilité de chacun au sein de l’hôpital sur le plan écologique ? Les réponses sont ici !
L’objectif du développement durable est de répondre aux besoins des populations d’aujourd’hui sans compromettre la capacité des générations futures à satisfaire les leurs. Il s’agit de concilier le progrès économique et social sans mettre en péril l’équilibre naturel de la Planète. Depuis 1987, les efforts ont été démultipliés et de plus en plus de pays se sont efforcés d’intégrer de façon concrète cette notion de développement durable dans leur législation. Les institutions n’ont donc plus vraiment le choix. Pour être dans l’air du temps et pour faire preuve d’une gestion responsable, elles doivent, elles aussi, respecter l’équilibre écologique dans les actions qu’elles mettent en œuvre.
Selon le serment d’Hippocrate prêté par les médecins en Occident, le secteur hospitalier doit « d’abord ne pas nuire, ensuite soigner ». Cependant, si la majorité des entreprises privées font des efforts concernant la protection de l’environnement, les hôpitaux sont quant à eux à la traîne…Le développement durable reste une thématique peu traitée par les établissements de santé.
Pourtant, l’hôpital est un acteur primordial de notre société en termes de taille mais aussi en termes de consommation d’énergie. Ses impacts sur les ressources naturelles de notre Planète ne sont pas négligeables. Si nous regardons les chiffres, nous constatons que la consommation par patient en électricité et en combustible a augmentée fortement ces dernières années. Selon Pierre Debruyne, directeur technique, cette augmentation de consommation peut être expliquée par l’accroissement de l’utilisation de techniques sophistiquées qui consomment plus comme le laser, le scanner, la résonnance magnétique ou encore le recours massif à des techniques de climatisation et de réfrigération. L’hôpital est également actif 24h sur 24h et 7 jours sur 7. Face à cette réalité, certains hôpitaux entendent jouer un rôle de pionniers pour protéger l’environnement.
C’est le cas du CHRN qui a réagi de façon volontaire à l’égard de la problématique du développement durable. Le service technique propose régulièrement des projets de rénovation ou de modernisation de l’hôpital et si un projet est accepté, il est mis en place de façon concrète par des ouvriers qualifiés. « Il est important, précise Pierre Debruyne, que les actions que nous voulons mettre en place visent le long terme. Lorsque nous souhaitons investir, nous analysons toujours le rendement sur une période assez longue pour voir ce qui est le plus intéressant pour l’hôpital.»
Une multitude de projets ont été réalisés au CHRN dans le domaine du respect de l’environnement. Voici certains d’entre eux.
- Le tri sélectif des déchets. Le papier, le bois, les métaux et les inertes sont triés dans les différents services du CHRN et au sein des administrations. Les déchets hospitaliers ordinaires (B1), ceux à risque de contamination (B2) et les produits chimiques sont mis dans des sacs spécifiques. L’hôpital dispose d’un parc à containeur sur son propre site où les déchets sont stockés avant d’être envoyés à l’extérieur pour être traités et recyclés. Selon Robert Bastin, chef de la Sécurité de l’hôpital, « il est important de revaloriser le traitement des déchets dans un hôpital comme le nôtre qui ne cesse de croître et où la quantité de déchets est très importante ».
- L’Espace Santé de l’hôpital. Ce nouveau bâtiment a été conçu selon la volonté du service technique de respecter l’environnement et d’économiser un maximum d’énergie. Le bâtiment est entouré d’une enveloppe qui capte la chaleur pour éviter qu’elle ne rentre à l’intérieur du bâtiment. Cette première forme d’isolation est renforcée par la mise en place d’un double vitrage.
- L’économie d’électricité. Pour consommer moins d’électricité, des détecteurs de présence ont été placés dans les couloirs et dans les locaux communs des Unités de Soin de l’hôpital. Des lampes à faible consommation sont également utilisées et on peut régler l’intensité de la luminosité. Selon Pierre Debruyne, les Unités de Soins du CHRN doivent servir d’exemple au niveau électrique. Des travaux de rénovation ont été effectués dans l’optique de consommer. Un bilan réalisé 15 jours plus tard a démontré que la consommation avait diminué de 30% ! Un des projets est d’installer ce système partout dans l’hôpital.
- L’utilisation d’un « désurchauffeur ». « Le principe du « désurchauffeur », explique Pierre Debruyne, est le même que celui des panneaux solaires. L’avantage, c’est que ça coûte moins cher et que c’est adapté aux spécificités de l’hôpital. De cette façon, nous pouvons chauffer l’eau des sanitaires avec le fonctionnement unique du « désurchauffeur » de mars à octobre. Mais comment ça marche ? Le principe est de récupérer la chaleur émise par les systèmes de refroidissement de l’hôpital. Or, au sein de l’hôpital, on doit produire du froid toute l’année. Par exemple, dans le bloc opératoire, une basse température doit être maintenue en permanence ; l’air conditionné fonctionne sans arrêt. Dans ce cas, de la chaleur est rejettée et récupérée par le « désurchauffeur ». Cette chaleur est ensuite utilisée pour chauffer les eaux.
- L’utilisation d’un système de « free cooling ». Comme son nom l’indique, ce système permet de produire du froid gratuitement. Au sein de l’hôpital, l’eau qui circule doit être à 6 degrés. Au lieu d’utiliser de l’énergie poluante pour refroidir cette eau, le système récupère le froid venant de l’extérieur en hiver et l’utilise pour diminuer la température.
- La mise en place d’un « système de cogénération ». Le principe est de produire simultanément de l’électricité et de la chaleur, cette chaleur étant issue de la production électrique. En réalité, lorsque l’on produit de l’électricité, de la chaleur est dégagée. Au lieu de la laisser se dissiper dans l’environnement, elle est récupérée et utilisée pour chauffer l’eau.
- La cuisine. Au niveau de la cuisine, des efforts ont également été faits. Les eaux usées des cuisines sont traitées avant d’être rejetées grâce à un système qui permet de séparer les graisses présentes dans l’eau. Tous les trois mois, ces graisses sont récupérées pour être recyclées. La chaleur dégagée par les laves-vaisselles est également récupérée pour être réutilisée.
Si beaucoup d’efforts sont fournis en matière d’écologie, il reste quelques points sensibles pour lesquels des solutions sont en train d’être testées.
Parmis ces points, nous pouvons citer la mise en place de lampes LED. Ces lampes ont une consommation très faible : 9W au lieu de 40-60W ! Leur durée de vie est de 10 ans. Une première lampe est actuellement testée dans une salle de bain de la patientèle. Si le test s’avère positif, les lampes LED seront généralisées à l’ensemble des chambres de l’hôpital.
Un autre projet pour le futur est d’installer dans chaque département du CHRN des systèmes de mesurage de la consommation en électricité et en eau pour voir qui consomme quoi et pour rendre possible un meilleur suivi des consommations. Selon Pierre Debruyne, « il n’y a pour le moment qu’un seul compteur pour tout l’hôpital. Nous souhaitons placer des compteurs dans chaque secteur pour mieux cibler les services où la consommation est la plus importante et déterminer où il faut agir en priorité. Un autre objectif est de sensibiliser et de responsabiliser chaque membre du personnel en leur montrant leur consommation par rapport au voisin de profil identique. Ensemble, nous arriverons à faire des économies. Les efforts de chacun, une fois cumulés, permettront d’améliorer la situation. »
D’autres démarches à dimension écologique, comme la rénovation des châssis, sont en attente. Mais, le coût élevé des investissements fait obstacle. L’état alloue des primes mais celles-ci sont loin d’être suffisantes. Les subsides pour l’hôpital sont les mêmes que ceux attribués aux particuliers. Le problème est l’existence de plafonds pour octroyer les subsides. Vu la taille de l’hôpital et la masse de travaux à réaliser, les plafonds sont beaucoup trop bas. Les subsides ne sont donc pas à hauteur des espérances. Notre hôpital doit investir lui-même dans la rénovation et la modernisation du bâtiment et dans la gestion des déchets. Nous gardons l’espoir d’un changement de la législation de la part de la région wallonne.
Chacun d’entre nous est responsable et peut intervenir au niveau de l’économie d’énergie et de la gestion des déchets au sein de l’hôpital. Voici quelques mesures que nous vous invitons à prendre afin d’adopter une utilisation rationnelle de l’énergie et de participer à un meilleur équilibre écologique :
- pensez à éteindre la lumière chaque fois que vous sortez d’un local
- n’oubliez pas d’éteindre les appareils électriques lorsque vous quitter votre bureau (ordinateur, imprimante, machine à café, lampe de bureau…)
- triez les déchets en les plaçant dans les poubelles adéquates
- en hiver, évitez de surchauffer les locaux
- évitez le gaspillage en tout genre
- prenez les transports en commun pour vous rendre sur votre lieu de travail, ceux-ci sont remboursés par l’hôpital
- participez à la politique vélo mise en place par l’hôpital
Le CHRN assume pleinement son rôle de pionnier dans le secteur et entend continuer dans cette voie. La gestion responsable de l’énergie n’est pas un vain mot dans notre institution.
Encart : Le réchauffement climatique
Toute combustion produit du C02. Une fois émis, le C02 reste environ 100 ans dans l’atmosphère et s’accumule donc petit à petit. Ce gaz à « effet de serre » piège la chaleur terrestre. La température augmente et le climat est perturbé. Comme la concentration de C02 ne cesse de croître dans l’atmosphère, cela provoque l’augmentation de la température moyenne de la Terre. Ces changements climatiques peuvent provoquer une élévation du niveau moyen des mers, davantage de sécheresses et d’inondations, plus de maladies, une augmentation des parasites et bien d’autres choses encore.
Encart : En chiffres…
- La consommation en électricité du secteur tertiaire a doublé ces 15 dernières années.
- les hôpitaux wallons ont une consommation spécifique moyenne d’électricité de plus de 40% inférieure à celle des hôpitaux bruxellois. Ceci est dû à une proportion supérieure d’hôpitaux universitaire à Bruxelles, en général mieux équipés.
- 100 km en voiture = environ 20 kg de C02 émis
- Pour stabiliser la quantité atmosphérique de C02 au niveau actuel, il faudrait réduire les émissions des « gaz à effet de serre » de 70% environ.